Situation des sages-femmes en Ile-de-France

Suite à la sollicitation de l’URPS sages-femmes Ile-de-France, du collectif des coordonnateurs en maïeutique et sages-femmes, des coordinatrices des hôpitaux publics d’Ile-de-France, de la collégiale des gynécologues-obstétriciens (associée au CeGORIF), du collectif de sages-femmes d’Ile-de-France et de la collégiale de sages-femmes de l’APHP, une série de réunions se sont tenues avec la Direction de l’Offre de Soins de l’ARS Ile-de-France dans le courant de l’été.

Celles-ci avaient pour sujet l’état de tension au sein des maternités d’Ile-de-France.

Une importante préoccupation a été soulignée de manière unanime par l’ensemble des participants : quelque soit le statut, la situation des sages-femmes est catastrophique.

Aujourd’hui, les problématiques sont à la fois :

  • Conjoncturelles : aggravation estivale survenant sur une situation de postes de sages-femmes déjà vacants.
  • Structurelles : la désaffection des sages-femmes pour l’emploi en maternité et particulièrement en salle de naissance et aux urgences.

IMPLICATION DE L’URPS SF IDF

L’URPS SF IDF n’a cessé de signaler aux différentes instances les difficultés et problématiques rencontrées par la profession. Encore une fois, elle s’est mobilisée afin que les sages-femmes soient reconnues auprès de tous (grand public, professionnels de santé et instances) et revalorisées aussi bien par leur statut que leur salaire.

C’est dans ce sens que l’URPS SF IDF a participé à ces réunions et a pris l’initiative de diffuser un questionnaire aux sages-femmes libérales sur une durée de 10 jours afin d’être réactif auprès des instances.

L’objectif de ce questionnaire était d’interroger les sages femmes libérales sur les freins et obstacles à une activité mixte. 

RETOUR SUR LE QUESTIONNAIRE

Plus d’un tiers des sages-femmes libérales d’Ile-de-France ont répondu à ce questionnaire.

Parmi les participantes, près de la moitié se sont installées en libérales entre 2015 et 2019.

79% ont déclarés ne pas ou plus réaliser de vacations hospitalières pour les raisons suivantes :

  1. L’indisponibilité : l’activité libérale est trop lourde et ne laisse pas de temps pour faire des vacations hospitalières.
  2. La précarité des conditions de travail en milieu hospitalier : salaire non attractif, quantité et rythme de travail trop soutenu, niveau de responsabilité élevé pour une reconnaissance nulle du travail effectué.
  3. La perte de qualité du travail de sage-femme en milieu hospitalier : trop d’outil informatique et de charge administrative, l’humain n’est plus mis en avant et aucun accompagnement de la patiente n’est possible compte tenu de la charge de travail.
  4. Le manque d’organisation au sein des maternités : planning de dernière minute, heures supplémentaires à répétition, CDD sans CDI à la clef, manque de sollicitation et d’information, sous-effectif continu, règlement hospitalier trop stricte.
  5. La perte de confiance du système de santé : beaucoup de mauvaises expériences dans divers établissements de santé, aucune revalorisation de la profession de sage-femme, sentiment de maltraitance par l’hôpital.

A noter que parmi les 21% effectuant des vacations, 57% d’entre elles ne sont pas satisfaites de leurs vacations pour les mêmes raisons que celles n’effectuant pas ou plus de vacations.

Toutes activités confondues, plus de 42% des participantes travaillent plus de 40 heures par semaine.

Grâce à la participation des sages-femmes libérales d’Ile-de-France à ce questionnaire, l’URPS SF IDF a pu nourrir son argumentation et transmettre des remarques et suggestions qui concernent l’ensemble de la profession de sages-femmes, qu’elles soient libérales ou hospitalières.

Plus précisément, voici les points qui ont été soulevés :

  • Maltraitance institutionnelle : grande contrainte horaire, niveau de responsabilité élevé non reconnu, travail à la chaîne, travail non qualitatif, sous-effectif continu, tension au sein des équipes et des services.
  • Répercussions négatives sur la vie privée des sages-femmes que ce soit en activité libérale ou hospitalière : vie de famille entre parenthèses, prise de congés complexes, épuisement.
  • Reconversion de nombreuses sages-femmes ou départ de l’Ile-de-France.

Et les suggestions transmises :

  • Augmentation du salaire.
  • Evolution du statut administratif.
  • Diminution des charges sociales, URSSAF et CARDSF.
  • Augmentation du numérus clausus.
  • Revalorisation tarifaire des actes à la hauteur des compétences et du niveau de responsabilité.
  • Diminution de la charge administrative en créant un outil universel spécifique aux sages-femmes.
  • Revalorisation de la profession et du rôle de sage-femme auprès des professionnels de santé et de la population globale en augmentant la communication et la diffusion d’informations.
  • Refonte de la formation de sage-femme : insister sur le rôle de la sage-femme, développer l’offre de stage en libérale et en salle de naissance.
  • Réglementation de l’installation libérale à la sortie du diplôme comme pour les IDE.
  • Développement de la coordination entre la ville et l’hôpital : faciliter la communication, harmoniser les pratiques, proposer des vacations croisées.
  • Revalorisation de l’accompagnement des femmes avec « une femme = une sage-femme » comme en Angleterre.
  • Favoriser la faisabilité des vacations : assouplir les contraintes réglementaires et faciliter les programmations de vacations en assouplissant le règlement hospitalier et en programmant des vacations en amont afin de permettre aux sages-femmes libérales de faire des vacations lorsqu’elles sont disponibles.
  • Création de postes en journée (7 à 8h) afin de permettre une activité mixte.
  • Repenser la répartition des installations libérales en Ile-de-France et en province.

Les résultats de ce questionnaire ont été présentés le 17 septembre lors de la dernière réunion réunissant la Direction de l’Offre de Soins de l’ARS IDF, l’URPS Sages-Femmes IDF, le collectif des coordonnateurs en maïeutique et sages-femmes, les coordinatrices des hôpitaux publics IDF, la collégiale des gynécologues-obstétriciens (associée au CeGORIF), le collectif de sages-femmes IDF et la collégiale de Sages-Femmes de l’APHP.

A ce jour, l’ensemble des participants à ces réunions ont été invités à constituer différents groupes de travail pour réfléchir à des solutions concrètes et rapides.

Retour en haut