Retour sur la GRANDE ENQUÊTE à destination des sages-femmes

Suite à sa sollicitation l’été 2022 par l’Agence Régionale de Santé, l’URPS Sages-femmes Ile-de-France a souhaité mener une GRANDE ENQUÊTE auprès de l’ensemble des sages-femmes libérales d’Ile-de-France afin de leur donner la parole pour mieux connaître leur situation, leur positionnement vis-à-vis de l’activité hospitalière, et identifier des leviers de transformation de l’organisation actuelle.

Ainsi, du 21 février au 4 avril 2023, nous avons relayé cette grande enquête à 1203 sages-femmes libérales d’Ile-de-France.

Grâce aux sages-femmes libérales répondantes, nous avons pu constater que :

La précision de ces réponses permet de formuler plusieurs constats : les sages-femmes libérales ont des durées de consultations relativement longues par rapport à d’autres spécialités médicales, par exemple en regard des consultations de médecine générale qui durent en moyenne un quart d’heure d’après les études sur le sujet. Si la valorisation de l’acte de consultation est identique, la rémunération horaire ne semble en revanche pas l’être.

A ce constat s’ajoute un temps quotidien non négligeable consacré à la gestion des tâches du cabinet. Sans compter que
71% des sages-femmes ne disposent pas de secrétariat compte tenu du coût que cela représente. Notre hypothèse est que la charge mentale et financière liée à l’activité libérale ne permet pas aux sages-femmes libérales de se dégager du temps pour d’autres activités (vacations en maternité, implication dans des organisations de santé).

Les questions relatives à la disponibilité des sages-femmes pour effectuer des vacations en maternité, ou encore leur appétence pour des postes partagés Ville-Hôpital en discussion actuellement, mettent en évidence un intérêt pour une activité mixte libérale et hospitalière. Une demande qui, si elle n’est pas majoritaire, n’en demeure pas moins répandue.

Plusieurs freins à l’exercice en maternité ont également pu être identifiés : activité libérale chronophage, organisation personnelle et familiale incompatible avec les horaires de gardes, rémunération insuffisante, mauvaise expérience en lien avec la charge de travail en maternité, appréhension du degré de liberté dans la prise en charge des patientes ou encore de l’accueil par l’équipe….

Les modes d’accouchements plébiscités dans l’enquête sont le plateau technique, suivi des maisons de naissance et enfin de l’accouchement à domicile dans une moindre mesure. Si un certain nombre de sages-femmes ne souhaitent pas avoir une activité d’accouchement dans les conditions actuelles, renforcer ces alternatives semble une piste intéressante.

Le 25 avril 2023, nous avons présenté ces chiffres à la Ministre déléguée chargée de l’Organisation Territoriale et des Professions de Santé, Agnès Firmin Le Bodo.

En conclusion

Concernant l’activité des sages-femmes, nous constatons qu’un certain nombre d’entre elles seraient à priori intéressées par une activité mixte, mais qu’en pratique très peu de sages-femmes libérales accompagnent des accouchements. L’activité mixte (salariée et libérale), le développement des maisons de naissance et des plateaux techniques semblent des axes de réflexion à envisager à court ou moyen terme. L’URPS sages-femmes a réaffirmé l’importance de pouvoir développer et sécuriser les accouchements en maisons de naissance, plateau technique et à domicile. Les freins sont nombreux, mais l’URPS n’a pas manqué de rappeler au cabinet ministériel et à l’ARS que cette évolution s’inscrit dans une demande actuelle des femmes, des couples, mais également des sages-femmes. Le parcours des femmes et des couples est une continuité, là où notre modèle actuel est extrêmement cloisonné. Décloisonner les organisations, sécuriser les parcours pour enfin donner le choix aux femmes, offrir des conditions d’exercice et de rémunération satisfaisantes aux sages-femmes sont autant d’enjeux auxquels nous sommes confrontés, et seuls des choix politiques audacieux permettront de relever ces défis. Soyons conscients que l’enjeu de la naissance n’est pas un coût mais un investissement pour la société.

Nous remercions chaleureusement l’ensemble des sages-femmes libérales ayant participé à cette enquête inédite, permettant d’apporter un éclairage intéressant sur un certain nombre de sujets. Nous tenons également à mettre en lumière l’activité des sages-femmes des Maisons de Naissance, dont l’enquête ne soulignait pas suffisamment l’importance.

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